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ESPACES interculturels CINEMA
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  • Plus seulement des spectateurs privilégiés mais des regards critiques sur tout ce que l'on nous donne à voir au Cinéma sur ses problématiques et son rôle. Ecouter -voir ce qu'est la vie.
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29 octobre 2008

HOME / UN INTERIEUR QUI RASSURE ET ATTIRE LE BONHEUR

Ursula MEIER est une nouvelle venue dans le clan de la réalisation féminine. Cette réalisatrice SUISSE ouvre son compteur avec un film "HOME" qui se déroule à l'abri du monde extérieur (temporairement, jusqu'à ce que le fils vienne dire " j'ai vu une voiture de chantier"). la réalité est symbolisée par cette autoroute inachevée au milieu d'une campagne qui s'étend à perte de vue sous un soleil d'été. MEIER apporte sa sensibilité de femme et développent ses expériences de la sensibilité qui développent les idées. Comme disait Marguerite YOURCENAR: "sans la sensibilité l'idée reste au plan du problème abstrait ou statique. Des gens qui n'ont pas eu faim, ou n'ont jamais vu des gens qui avaient faim, en restent au problème sur papier".

Il semble que c'est cette coupure avec la réalité brutale ( qui est pour la mère aussi sans doute une façon  d'effacer son passée de "soixanthuitarde") et cette vie en marge de la société qui vont favoriser le bonheur famillial retrouvé avec le retour du père de ses enfants (Olivier GOURMET). Dans ce Home, c'est comme un retour au point Zéro. Cette réalisatrice qui promet (son film, non primé, a été projeté au festival de Cannes) utilise le langage du conte pour  débattre de l'idéologie  à travers l'esthétique du langage qui se veut en marge de la réalité sociale et politique d'un lieu qui reste non identifiable géographiquement. Le bonheur qui se dégage peu à peu de cet intérieur reste une critique indirecte de ce qu'est le monde (abstrait) extérieur. Au final ce film est un instrument de réflexion pour les spectateurs qui n'auront pas perdu de vue d'où ils viennent et qui ils sont, une fois sorti de la salle de cinéma.

On peut qualifier ce film de structure mentale métaphorique. C'est en tout cas le modéle théorique de Ursula MEIER. En ce sens, elle rappelle l'artiste Roumain ZVI GOLDSTEIN* qui pour ses expositions traitait l'espace en monde clos par l'appropriation de données (sol, mur, vol) et qui faisait appel à un matériel ambigu comme les faux objets fonctionnels (un assemblage hésitant entre le statut d'objet industriels et le statut de sculptures).

Home ressemble par bien des points à l'oeuvre de cet artiste intitulé "Tiers monde et monde 3" (1980) qu'il définissait comme une affiche, un théâtre qui donne à voir et à lire; un ensemble avec une juxtaposition d'images et de textes qui soutiennent un rapport nécéssaire entre l'art et la réalité, entre l'esthétique et la politique , entre le monde des choses concrètes et celui des possibilités.

Le film de MEIER est lui aussi une structure constituée par une relation dialectique du texte à l'image-objet. La maison de ce film est essentiellement un lieu de méditation sur le bonheur (bonheur forcement éphémère).

Isabelle HUPPERT y tient le rôle de la mère de famille obstinée qui veille sur le bien être de sa tribu mais qui ne parviendra pas même à empêcher la fuite de sa fille ainée, ni le saccage de cette forme de vie factice dans un paradis artificiel (elle redoute le moment où les travaux de l'autoroute vont reprendre et l'ouverture à la circulation avec des vehicules  qui même s'ils ne feront que passer à pleine vitesse mettront fin à ce havre de paix et de sécurité en prenant la forme d'envahisseurs)

" j'ai voulue échapper aux recettes",  déclare MEIER; en tout cas, elle n'a pas louper son plat!

*Zvi GOLDSTEIN: artiste né en roumanie en 1947 et installé en Israël depuis 1958. Il est diplomé de BEZALEL ( prix de l'Art Israelien).

*

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Commentaires
F
La citation de Yourcenar est puissante... Ainsi que ce billet ,j'apprends encore beaucoup en venant te lire. On a vraiment le désir de se coller à "l'home";-) Merci.
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