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ESPACES interculturels CINEMA
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  • Plus seulement des spectateurs privilégiés mais des regards critiques sur tout ce que l'on nous donne à voir au Cinéma sur ses problématiques et son rôle. Ecouter -voir ce qu'est la vie.
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4 novembre 2008

LA TRES GRANDE ENTREPRISE ET MY MAGIC : DES FILMS VIVANTS

Au départ, les deux films ont tout de différent, mais après avoir compris la motivation de chacun, la différence de culture, d'intérêts et d'idéal , on se rend compte que ce que l'on appelle "différence", les inégalités culturelles, sont vite gommées et qu'il est difficile de rester étranger l'un à l'autre; la connaissance des deux films fait apparaitre des spécificités qui nous rapprochent . Ce cinéma est vivant et même si au final il ne touche qu'un public spécialisé, ce public émane du Grand public sorti de son lieu environnemental direct pour l'aider à comprendre, sans lui donner de leçon, ce qui se passe au niveau de la mondialisation actuelle.

Le premier "la trés grande entreprise" est du Français Pierre JOLIVET dont la mère était, elle même une comédienne (Arlette THOMAS) qui a été aussi une meneuse syndicale contre les injustices dans le monde du travail: "Je me souviens de l'avoir vue mener des grèves compliquées. Elle se démontait jamais. C'est stimulant de se frotter à plus puissant que soi. Avec mon frère Marc, je pense qu'on lui doit l'éveil de notre conscience." (Journal du Dimanche). Normal qu'avec pareil parent on reste sensible à ce qui se passe dans le monde et que l'on cherche pour corriger chaque injustice de ce bas monde le moyen de provoquer un sursaut citoyen. Pour Pierre Jolivet cela passe par la comédie afin de toucher le plus large public possible, même si pour lui, faire un film reste stressant. Il a écrit un film sur l'engagement quand on est victime soi même d'une injustice. La riposte qu'elle soit syndicale ou autre se doit d'être collective ( même si elle est brouillonne) pour avoir quelque chance de porter ses fruits. Obtenir réparation ce n'est pas seulement au niveau financier mais surtout au niveau du moral et de la dignité humaine: " Il ne s'agit pas de dénoncer aveuglèment toutes les sociétés (grandes entreprises) qui gagnent de l'argent et qui, grâce à cela font travailler du monde, mais de s'attaquer à celles qui sont prètes absolument à tout pour avoir une  croissance à 2 chiffres et faire plaisir aux actionnaires....le pari de mon film c'est de mettre l'allégresse dans une situation ou le combat semble inégal et déséspéré. Le rire  de la comédie lui sert de passeport alors que s'il avait fait un film militant il risquait de connaitre à nouveau les déboires Financiers de la "petite entreprise".

Un mot sur la musique de ce film qui a la prétention de faire rire et réfléchir en même temps; elle est de Manu KATCHE Batteur, pianiste qui a donné comme il dit les pistes d'enregistrement après avoir visionner les images qui lui ont suscité des images  par forcément aux endroits prévus par Jolivet, mais en fonction du film que le musicien lui même s'était fait dans sa tête. Jolivet a choisi et placé les morceaux de pianos, contrebasses, cuivres: "je lui faisais totalement confiance car nous avons depuis longtemps la même vision des choses".

Le 2ème Film est " MY MAGIC"du réalisateur de SINGAPOUR ERIC KHOO. Ce film a fait l'objet d'une sélection pour le festival de CANNES. Sa particularité est d'avoir été tournée en Une semaine avec des comediens amateurs ( le magicien est un vrai et il joue avec son fils; quand à la musique elle est réalisée par le fils de KHOO) sa durée est de 1h 15mn.

KHOO a déjà réalisé par le passé des films qui vont dans le sens de ceux de JOLIVET contre l'arbitraire patronal ("PAS UN JOUR DE CONGE").  Pour tourner son film le réalisateur a du se battre contre le producteur qui voulait qu'il ajoute des scènes qui auraient atténuées l'intensité et allongé inutilement la durée, sans apporter plus à l'histoire de cet ancien magigien qui devient FAKIR pour retrouver l'estime de son fils (après la mort de sa femme il s'était laissé allé à faire des petits boulots  et à boire, obligeant son fils à se débrouiller seul pour aider cette famille en désérance .

Ici, c'est pas la haine mais la Honte qui donne la force à cet homme de se sortir d'une situation où la dignité de soi même a totalement disparue. Le nouveau fakir va redevenir ce colosse qu'il était physiquement quand il était le MAGICIEN qui impréssionnait les foules. Ce colosse d'argile fait exploser sa carapace de pierre et va secouer, à main nue, ce monde pour se forger un destin dans lequel la dignité humaine sera le premier droit.

MY MAGIC est présenté par la critique comme un film naïf et minimalisme mais aussi comme PUR et LIMPIDE; personnellement, j'obterais sans hésiter pour cette dernière formulation  qui colle bien à ce qu'a voulu KHOO qui représente SINGAPOUR avec ses particularités ( un cinéma qui doit se battre contre le manque de moyen pour ses artistes ce qui les contraint à déborder d'imagination pour qu'apparaisse au creu de la main cette petite flamme trembotante "my magic") . Ce cinéma est un divertissement de qualité qui lie les spectateurs sans les isoler d'avantage du monde extérieur et du présent qu'il faudra bien parvenir, un jour, à effacer de nos mémoires comme quelque chôse de honteux.  KHOO nous fait sentir qu'il n'y a point d'abime où tous on doit avoir le courage de plonger pour représenter l'homme afin d'éclairer le monde sur ce vers quoi on se dirige si on ne fait rien . "Ne laissons pas cette flamme qui s'obstine à se nourir d'elle même, s'étioler jusqu'à n'être "qu'une virgule, une rognure de feu de bengale, juste bonne à ponctuer les mièvreries décoratives des jardins en miniatures...", comme dirait René CREVEL.

*

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Commentaires
E
je me souviens de ton commentaire quand j'avais publié la bande annonce de ce film: je pense que j'irai le voir ce week end.
F
Ton article, une fois de plus,m'éclaire en des oeuvres que je ne connais pas du tout... Merci pour ce blog toujours enrichi de références,réflexions, citations qui font que ce n'est pas seulement un blog parmi tant... Que tout ce "grain à moudre" retourne aussi dans la vie (la vraie !) ;-)et peut nourrir quelques carnets de route...<br /> Il y a de ces coïncidences, cet après midi, en relisant un texte de René Crevel, je me demandais si je n'allais pas écrire un billet sur lui,il n'est pas oublié mais on en parle peu... Crevel phénix toujours lassé de lui même, et renaissant toujours, à deux doigts de s'éteindre, comme le décrivît assez bien son vieil ami Dali... Cette citation est fort belle, conclût avec force le billet... J'ai eu un vrai plaisir en pensant à Crevel, de le retrouver ici. Alors encore merci pour le billet et merci de ressuciter un peu,la mémoire du vieux "René" ;-)
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