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ESPACES interculturels CINEMA
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  • Plus seulement des spectateurs privilégiés mais des regards critiques sur tout ce que l'on nous donne à voir au Cinéma sur ses problématiques et son rôle. Ecouter -voir ce qu'est la vie.
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13 mai 2009

ROGER PLANCHON : LES PRATIQUES ARTISTIQUES ET LEURS ROLES DANS LA SOCIETE

Partir discrétement,la veille de l'ouverture du Festival de Cannes, en relisant un de ces derniers projets écrits alors qu'il y a quelques semaines encore il jouait au théâtre la comédie musicale :"Amédée ou comment s'en débarasser" d'EUGENE IONESCO, Voilà qui en dit beaucoup sur ce grand Messieur qu'était ROGER PLANCHON.

Pour lui comme pour SHAKESPEARE: la VIE aura été un théatre et l'homme qui se cache derriere l'acteur une ombre, un comedien de la vie.

Il était de ceux qui pensaient que l'ensemble des pratiques artistiques avaient une signification sociale et donc politique, et que, partant de là, le théâtre comme le cinéma ont un rôle à jouer "pour les gens comme mes parents qui étaient illétrés" (entendez par là des intellectuels à qui la société avait fermée les portes de la culture artistique).

Partant de là, il ne pouvait pas se cantonner à n'être qu'un excellent commédien; ils a donc monté sa propre troupe et a écrit pour le théâtre et le cinéma, mais pas seulement (il a monté une aide à la production cinématographique).Bref, Il a oeuvré pour tous les artistes qui avaient été des "créateurs" dans cet ensemble de pratiques artistiques et qui l'interessait: MOLIERE, SHAKESPEARE, COURTELINE, IONESCO, TOULOUSE LAUTREC, TSHEKHOV, BRESSON (robert), LOSEY (jOSEPH, LAUTNER, VERNEUIL, WAJDA et l'incontournable BERGMAN..... Il n'a pas omis certaines figures politique comme LOUIS XIV,DANTON.

Le cri de guerre qu'il a lancé en 1968 :le POUVOIR AUX CREATEURS!" avant de parodier les " trois mousquetaire" pour insuffler un vent nouveau au théatre est un véritable manifeste. IL avait commencé à plancher sur le problème quand il avait epprouvé le besoin d'écrire à son tour(à 33 ans)pour faire, lui même, oeuvre de création :"Tout se passe comme si l'invisible portait à bout de bras ce réel si compact, si lourd et pourtant si peut consistant " ("LA REMISE",première pièce de PLANCHON). Je ne suis pas d'accord avec ceux qui qualifient Planchon de " Touche à tout"; rien chez lui était gratuit dans ces actes et ses refus (refus de Diriger le théâtre de PARIS et l'illustre Comédie Française pour rester à la Direction du TNP de VIILLEURBANNE). Même lorsqu'il devient Réalisateur de Cinéma, ses choix ne sont pas innocents, mais là encore visent à démocratiser l'art "Le retour de Martin guerre"(1981),"DANDIN" (1987).

Toute sa vie il a fait référence à sa jeunesse de COW-BOY parce que dans son ardèche natale ; "j'ai gardé les vaches et sorti le fumier", histoire de rappeler qu'on n'est  pas obligé de renier son passé pour être ce créateur intéressé par les problèmes des hommes. Ce travailleur a passé sa vie à vouloir réconcilier Théâtre et cinéma pour les donner à comprendre aux gens qui se posent des questions sur le sens de la vie,et si besoin est, en dépoussiérant quelques grands classiques comme les pièces de MARIVAUX avant de sorir des sentiers battus.

Il engagera avec le public des débats sur le rôle du théâtre dans la société et sur le lien qui doit exister entre l'individu et le collectif.Pour pousser la réflexion collective, il enchaine avec le répertoire moderne, les piéces de sa création et des films grands publics.

Tout celà ne l'empêche pas de s'intéresser au côté esthétique de la pratique. Comme il a été influencé par Ingmar BERGMAN pour qui Cinéma et théatre ne faisait qu'un, Roger PLANCHON a essayé d'en tirer des leçons pour sa propre mise en scène. Son premier film est un texte de BERGMAN "S'agite et se pavane" que BERGMAN avait présenté au Festival de Cannes de 98 dans la catégorie '"un certain regard" ("Lamar och gör sig till"). Dans cette pièce/cinema il incarne un vieux professeur (franc maçon des "préteurs en liberté")qui se lie avec un individu singulier qui se pose beaucoup de questions avec une curiosité débordante. Ca se déroule dans une salle d'hôpital,un endroit où on soigne et où on se soigne en attendant de retrouver à l'extérieur le monde dit normal.Pendant ce séjour psychiatrique ils mettent sur pied leur projet louffoque de cinéma parlant.Pour faire le lien entre le théatre lieu clos(Ici l'hôpital) et le Cinéma, des Comédiens hospitalisés eux aussi se tiennent derriere l'écran où sont projetées les images pour lire les dialogues et faire du cinéma muet un cinéma parlant!

Sortis de l'hôpital,Schulbert retrouve son ex fiancée et son ami VOGLER (Planchon) pour la première de leur film "la joie de la fille de joie" qui est un résumé de la vie de ce couple étrange. Comme le film est loin d'être un succés financier, Pauline séduit VOGLER qui est trés riche (même s'il a déjà tenté de la tuer), sauf qu'elle ignore de CARL n'est pas aussi fou qu'on le croit (pour lui la vie n'est qu'une illusion et c'est la mort qui mène le jeu d'une humanité de fantômes)Cette mort est incarnée par la femme du clown qui surveille les entrées et sorties de manière autoritaire et dirigiste, ce qui fait que Carl se prend la tête dés que la nuit tombe.

Cela rappelle ce que décrivait Jean GENET quand il écrivait que " l'on ne peut que rêver d'un art qui serait un enchevêtrement profonds de symboles actifs ,capables de parler au public un langage ou rien ne serait dit mais tout préssenti". C'est ce que semble avoir réussi Planchon, et GENET d'ajouter dans ses "Prisons" "Il faut du courage et du renoncement, et le travers qui est à l'origine du choix du mêtier d'acteur qui est commandé par la reconnaissance non désespérée, mais complaisante du monde...Au théâtre tout se passe dans le monde visible et nulle part ailleurs...sI Je meurs ce sera par le rappel nostalgique de ce que fut la vie. Seul, un théâtre d'ombre me toucherait encore". Planchon, au théâtre comme au cinéma, a réussi par sa présence ,visible ou invisible, à lier les spectateurs entre eux pour qu'ensemble ils raffinent leur réflexion sur comment faire pour que le théatre et le cinéma moderne soit un divertissement de qualité, une forme d'art capable de substituer à la foi religieuse l'efficacité de la beauté qui doit avoir la puissance d'un poëme, c'est à dire d'un crime, comme disait GENET. BERGMAN ne disait pas autre chose que GENET en déclarant que : " la vie n'est qu'une ombre errante, un pauvre comédien qui s'agite et se pavane une heure sur scène et qu'ensuite on n'entend plus. Une histoire racontée par un idiot pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien" et que PLANCHON, auteur, metteur en scène et acteur, a monté sur scène. Roger planchon avait le charisme d'un SHAKESPEARE. Il a passé sa vie durant à chercher si l'ART et l'ensemble des pratiques artistiques n'étaient pas en fin de compte  une bonne solution pour donné du sens à une existence qui sans celà risquerait d'être absurde. Aujourd'hui il sait qu'il a réussi la sienne pour notre plus grand plaisir à tous.

*

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Commentaires
L
"Il est mort en travaillant"la belle chevelure blanche s'est inclinée "effet de neige" Amédée ne fut pas un grand succès et jouer devant une salle presque vide...Cela me donne envie de relire le capitaine Fracasse...comme un hommage de lecture...
H
Je partage ton analyse et ton admiration pour Roger Planchon, le charisme d'un Shakespeare, tout à fait.<br /> <br /> Au cinéma, Louis ,enfant roi m'a beaucoup plu.Un grand Monsieur du théâtre aussi.<br /> <br /> Belle note ,Alex.<br /> Amitiés.<br /> Hélèna
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