LES DERNIERS JOURS DU MONDE ET NUMERO 9 : LE JUGEMENT DERNIER
Peu être qu'avant de se décider à choisir entre "les derniers jours du monde" et "Numéro 9", ou bien à aller voir les deux?, faudrait -t-il se remémorer l'époque ou Michel-Ange a peint dans la salle obscure de l'époque (La Sixtine) la Fresque du " Jugement DERNIER" si contreversée au point que le pape à fait appel par la suite à des peintres pour masquer toute cette nudité. Sans oublier qu'à ses tous débuts de peintre, il avait déjà, d'une autre façon, préfiguré ce jugement Dernier dans son "Tondo DONI" ( Comme c'est la fin des vacances et que vous n'avez peut être pas pu aller promener en Italie , je vous glisserait à la fin de ce commentaire mon analyse du Tondo Doni ).
Si Michel-Ange avait été parmi nous aujourd'hui , je pense qu'il n'aurait pas détesté pouvoir faire les films des Frères LARRIEU et celui de SHANE ACKER
Le film des LARRIEU est une adaptation d'un livre de 1991 (de Dominique NOGUEZ)
"Sur le papier, c'est un sujet hollywoodien! Il y avait beaucoup de nouveauté pour nous: l'adaptation du roman, la confrontation au road movie, à une multitude de personnages, des scènes d'action violentes...c'était l'occasion de mettre en scène des choses nouvelles...On est parti de la fameuse idée selon laquelle on voit défiler sa vie avant de mourir....C'est à la fois Robinson qui revisite son passé, mais aussi les lieux qui redeviennent primitifs...Confrontés à la catastrophe, les personnages se posent des questions nouvelles. Que faire ? Avec qui? Pourquoi? Tout à coup? Un destin surgit...Certains qui ont donné un sens à leur vie veulent la prendre en main jusqu'au bouty. Parfois par le suicide. L'apocalypse transforme les êtres et les corps"
" la nudité est associée concrétement à la mise à nu de chacun..Mathieu Amalric nous avait dit " c'est un film sur la peau..".
"Numéro 9" est lui parti d'un court métrage de Shane ACKER des années 90. Cet étudiant en Architecturefait ensuite une formation d'animateur qu'il cloture par un court metrage d'animation de 11 minutes qui remporte la médaille d'or des oscars étudiants.
Tim BURTON s'est impliqué dans la version longue durée de ce film en tant que Producteur :"Le court métrage de Shane fait partie des plus beaux que j'ai jamais vu...L'univers qu'il crée avec d'infinis détails me touche profondément sur le plan visuel et émotionnel" Shane Acker, réalisateur a conçu ses pesrsonnages "Punk-Récup" car cela correspon trés bien au style des personnages qui n'ont pas été conçus comme des jouets, mais pour survivre dans un environnement désolé. J'ai compris qu'il fallait dépeindre leur monde de manière réaliste, en le ponctuant de vestiges d'une époque révolue et de nouvelles formes de vie" Pas étonnant que ces créatures ( des poupées de chiffons qui ont été déssinées à la main et façonnées comme des sculpture en argile avant d'être numérisées) déclarent à la fin du film "Le monde est à nous. Il sera ce que nous en ferons".
Ces deux films sont des oeuvres d'artistes à la personnalité différente que Michel- ANGE aurait volontier accueilli dans sa Chapelle!
Bonne fin de congé et pas la peine de vous stresser : la fin du monde n'est pas pour demain ...le bon cinéma a encore de beaux jours devant lui pour piquer notre imaginaire.
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A propos du TONDO DONI de MICHEL-ANGE
« je dis que la peinture me semble d’autant plus parfaite qu'elle se rapproche du relief"
A l’époque où il reçoit la commande et 60 ducats pour un Tondo peint des époux Doni, Michel-ange est déjà un sculpteur reconnu mais pas encore un grand peintre. Sa culture s’est faite en grande partie par la lecture de poètes Vigile, Boccace et Dante ALIGHIERI . Il connaît la « comédia » par cœur au point de pouvoir en commenter des passages (il commence à composer quelques vers). Le thème retenu est un épisode de la vie de la sainte famille mais la vraie contrainte est la dimension du cadre en bois doré qui comporte 5 têtes sculptées en rond de bosse ( deux prophètes pour incarner le passé et deux sibylles pour l’avenir. Au sommet du cadre Jésus et en bas , dans une rosace de fleurs, la tête d’un homme barbu, la bouche grande ouverte, comme poussant un cri). Pour concilier sa peinture avec les personnages du cadre et avec le rond, il cherche à représenter l’ histoire de l’Univers en tirant son inspiration de la Divine Comédie de Dante.
Ce poème est divisé en 3 chants l’enfer, le purgatoire et le paradis. Le poète décrit la descente dans l’enfer comme étant 9 cercles. Autre chose qu’il a retenu de Dante c’est qu’en pareille circonstance, le grandiose doit rester de proportion réduite, le sublime d’aspect ordinaire avec des personnages qui sont de taille humaine. De ce fait, la VIE DE LA SAINTE FAMILLE peinte va prendre des allures de déjeuner sur l’herbe et de tableau de chevalet. Pas question de faire une œuvre de consommation esthétique à la manière des peintres flamands de l’époque. Sa vision de l’univers sera aussi influencée par les différents « jugements derniers » peints jusqu’alors.
Michel ange est un créateur mais pas un historien philosophe ou politique.
Les humains sont pour lui des victimes de fait qui sont une pure contingence ordonnée selon un dessein divin. Ses personnages seront donc à l’image de ceux de la divine Comédie. Le Drame de chacun d’eux ne touche pas l’autre, même quand ils se rencontrent ils ne se voient pas. Comme disait un professeur qui interprétait le chant X de l’enfer : « c’est leurs tord en tant qu’hommes et leurs force en tant que « Dramatis Personnae ». Michel ange est à l’opposé de Léonard de Vinci qui dit « je connais …je sais » ; il ne pense pas qu’il faut tout recommencer en laissant de côté les leçons du passé.
Il a donc choisi de représenter un épisode heureux de la vie de famille
de jésus. Ils seront dans la partie paradisiaque du tableau. Au second plan le purgatoire inventé par l’église pour punir les usuriers chrétiens sera symbolisé par une margelle avec en buste (tronqué) Jean pas encore sanctifié.
Il l’habillera avec un vêtement de poil de chameau ( comme dans l’évangile) et comme il sera aussi le « précurseur » il aura dans sa main le bâton des pèlerins ( il sera décapité 29 ans après la mort du christ).
Enfin, pour faire anticiper l’enfer par les spectateurs Michel ange se souvient que dans la descente Virgile évoque « l’incontinence ,la malice et la folie » comme étant « les 3 penchants que le ciel ne permet ». Les 3 personnages en haut à gauche se caractériseront par le défaut de chasteté ( 2 s’enlacent en public nus) et l’autre pour acte d’extravagance (il tire sur l’ habit de celui qui est assis) peu importe si on sait pas que dans la comédia les 3 condamnés s’appellent Judas Iscariote, Brutus et Cassié ; on comprend que les personnages du tondo ne sont pas des « dolents ».
Les deux derniers personnages qui à leur mort iront au Paradis ( ils sont peint à droite du sauveur) symbolisent la Neuve et l’ancienne écriture :
« avec les deux robes dans l’heureux cloître sont deux clartés qui seules montèrent ; tu le fera savoir dans l’autre monde « (Chant XX paradis).
En fond de décor la montagne au buisson bleuâtre symbolise ce lieu de la neuve et de l’ancienne écriture.
En fait, ce que donne à voir l’artiste derrière un sujet sans histoire c’est qu’il y a dans l’histoire de l’univers un passé, un présent et un futur et que tous les problèmes d’âme, d’immortalité, de paradis et d’enfer ne sont, en fin de compte, qu’une façon d’interpréter ce simple fait à soir que chacune de nos actions se transmet chez les autres selon sa valeur en bien ou en mal, passe de père en fils, d’une génération à l’autre selon un mouvement perpétuel, comme le disait si bien le philosophe Gramsci.
On voit bien que Michel ange ne s’est pas contenté de faire une peinture de chevalet à la détrempe (technique ancienne et très difficile qui exige beaucoup de travail) pour rendre hommage à Dante. Lorsqu’on étudie la composition de cette œuvre pour traiter l’espace plastique, on voit qu’il a sans doute lu aussi la « divine proportion » de Fra luca Pacioli (1497) et peut être le traité d’ALBERTI( 1435) ; C’est du moins ce que donnent à penser ses choix de gros plans pour la sainte famille et le choix des teintes limpides ici avec des couleurs opposées ou violentes pour accentuer l’effet de relief. En fait ce qui importe à l’artiste c’est de transformer un rond plat à 2 dimensions en Univers. Ce relief il l’obtient par un traçage géométrique préalable à partir de 5 centres et de 9 cercles tracés à partir de chacun d’eux. Au final ce tondo plat est comme un globe à 3 dimensions (le relief). Rien ne sera laissé au hasard ; il équilibre les personnages 3 par 3 ( la sainte famille pour le Paradis futur, les 3 humains terrestre mais futur élus, ceux de la neuve et l’ancienne écriture plus Jean le baptiste, et les 3 futurs damnés. Ce tableau peint renvoie lui aussi au « jugement dernier » que l’artiste peindra bien plus tard. Derrière l’épisode de la vie de jésus enfant on pressent le drame à venir grâce au fait que l’artiste rompt la douceur et la grâce en brisant le mouvement (distorsion de la vierge). On comprend que l’harmonie de la triade familiale ne durera pas éternellement. Autre détail technique il a tracé dans ce tondo 2 triangles inversés ( celui pointe en haut enferme la vierge assise et celui point en bas a la base à hauteur des épaules des futurs élus et damnés).
C’est ainsi que pendant cette période charnière, entre le moyen – age finissant et la Renaissance en train de naître, on imaginait l’Univers tout entier.
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