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ESPACES interculturels CINEMA
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20 mai 2010

SOCIALISME: MIROIR IDEOLOGIQUE DE SON TEMPS

Comment passer sous silence la sortie d'un film de GODARD en pleine période de festival; et surtout comment faire pour comprendre et expliquer ce qu'est le Film"SOCIALISME" au tître pas évident pour les spectateurs?

J'ai parcouru, les critiques de la presse et franchement je n'ai pas senti des prises de position qui éclaire sur la qualité du film, sa raison d'être et comment l'aborder sereinement en tant que spectateur qui aime le cinéma dans sa diversite. Alors je me suis rabattu sur une ancienne lecture de 1971 et j'avoue que je ne peux que le donner à lire à toutes celles et ceux qui viennent visiter mon blog pour y trouver autre chose que le synopsis, histoire du film et quelques photos.

Il est un peu long mais comme il faudra faire avec dans ce week-end prolongé le voici:

"A PROPOS DE GODARD "

Jean Patrick LEBEL

La problématique idéaliste autour de " limpression de réalité" au cinéma peut conduire, sous couvert de "déconstruction" à une esthétique de la négation pure et simple du cinéma.

Cette problèmatique n'affecte pas que quelques théoriciens en mal de films à faire pour un cinéma moderne. L'itinéraire de GODARD pris à l'envers illustre les conséquences de cette problèmatique dans un certain courant théorico-esthétique.

Cette problèmatique idéaliste de "l'impression de réalité" au cinéma et ses implications dans l'appréciation des rapports que le cinéma entretien avec la vie constituent l'axe de toute l'oeuvre cinématographique de GODARD , axe autour du quel elle oxcille, penchant tantôt d'un côté ( en plein idéalisme), tantôt de l'autre ( vers un ppseudo-matérialisme).

En effet, que ce soit dans sa première période où le cinéma était défini comme "la vérité vingt-quatre fois par seconde" et où par conséquent, GODARD remettait en question la vie dans ses films, en remettant en question les formes du cinéma qui l'avait précédé ("d" A bout de souffle" à " une femme est une femme", en passant par le " petit soldat" et "Vive sa vie", tentation Bressionniènne de GODARD à travers l'avatar de la phenoménologie); ou que ce soit à travers l'idée qui détermine fondamentalement "les carabiniers". Puisque la Guerre est une chose horrible et puisque le cinéma est un simulacre de la vie, l'homologue de la réalité, la seule façon d'exprimer l'horreur de la guerre au cinéma c'est de faire un film qui soit lui même litteralement horrible en tant que film.

Que ce soit - en liaison avec l'évolution politqiue et idéologique de GODARD vers la gauche, puis vers l'extrême gauche- à travers les premières initiatives de " déconstructions" appellées "collages" ( "Made in USA", "Deus ou trois choses que je sais d'elle"),  à la " déconstruction" délibérée ( proche de la destruction pure et simple) d'"objets trouvés à la feraille" ("Week-end " et surtout "One plus one"), préludant à la rupture avec le "système"; toujours on retrouve, sous-jacente à chaque phase de son évolution esthétique et sous-tendant pratiquement tous ses films, cette même problèmatique considérée sous un angle ou sous un autre. Entre chaque phase d'éolution, sa réflexion, culminant en quelque  sorte dans les films phares " en équilibre" entre deux étapes (" le mépris","Pierrot le fou", la Chinoise").

Dans un interview accordée quelques temps après sa rupture avec le "système" Godard déclarait "Je veux dire que les images et les sons, c'est la théorie liée à la pratique. Quand on a inventé la télévision, c'était à la fois la théorie et la pratique. La théorie c'est l' "art", si tu veux, la pratique c'est la vie. Or ce qu'on fabrique  c'est un lien entre l'art et la vie (...) J'appelle pratique, en gros, la vie vivante, et j'appelle théorie l'Art".

Cette tentative de définir le cinéma comme un mode d'expression privilégié entre l'art en général et la vie, comme quelque chose qui serait "entre les deux", entre la théorie et la pratique, exprime d'une manière confuse le souci de faire du cinéma (des images et des sons) quelque chose qui serait l'analogue de ce qu'est le marxisme en philosophie selon ALTTHUSSER: " Ce que que le marxisme introduit de nouveau dans la philosophie, c'est une nouvelle pratique de la philosophie. Le marxisme n'est pas une ( nouvelle) philosophie de la praxis, mais une pratique ( nouvelle) de la philosophie".

C'est vers cette idée du cinéma par rapport à l'expression artistique en général, que tend désespérément Godard dans sa pratique ( ses films) et dans sa théorie ( ses idées sur ses films et sur le cinéma en général). Le malheur c'est que si le marxisme assigne un rôle clair à la philosophie, Godard lui, n'en assigne pas au cinéma: on ne sait pas si le cinéma est une "pratique"( nouvelle) de l'art ou de la vie.

A force de vouloir le placer entre les deux, Jean luc Godard refuse d'analyser clairement le rapport qui le définit vis à vis de l'un et vis à vis de l'autre.

Et partant de la constattion de l'existence de plusieurs systèmes stylistiques ( une tendance s'avouant explicitement comme "art" et affichant des préocupations apparamenment éloignées de la vie quotidienne, l'autre au contraire, cherchant à constituer au cinéma des formes d'expression de la vie quotidienne), la confusion de Godard vient de ce qu'il transpose ce phénomène qui concerne des différences entre les " modalités de figuration esthétique au cinéma" sur l'analyse de la "nature" du cinéma, de son essence. Il fait du mode d'existence de certaines formes d'expression cinématographique (dont la sienne) l'essence au cinéma en tant que réalité. Or, la réalité du cinéma c'est d'être de la théorie et non de la pratique de l'art ( une figuration expressive, une représentation signifiante) et non la vie elle même.

Réalité que GODARD tente sans cesse d'escamoter ce qui engendre ses illusions récentes sur le cinéma révolutionnaire ( la révolution par le cinéma, puisqu'il fait semblant de croire que le cinéma modifie la vie) comme cela a engendré ses illusions passées au cinéma considéré comme une autre forme de vie ( illusion idéaliste), sur la nécessité pour faire un cinéma vivant d'une réflexion sur le cinéma ( et du cinéma) et non d'une réflexion sur la vie ( et de la vie), comme si le cinéma pouvait être substitué à la vie et non être seulement une " expression" de celle-ci médiatisée par un jugement parti sur elle.

Godard considère que le cinéma a été inventé pour "déguiser le réel aux masses" et citant Marx de façon abusive, qu'avec le cinéma et à travers lui " la nouvelle bourgeoisie crée un monde à son image". En conséquence, selon GODARD, le cinéma n'étant plus en lui même par rapport à l'art en général, cette "coupure" tant souhaitée, il ne pense plus 'à détruire cette "image" ( de la bourgeoisie au cinéma) et recherche désormais lui aussi " la coupure" dans le cinéma lui même, tentant de définir les fondements d'un " cinéma prolétarien" en opposition avec le " cinéma bourgeois".

Il est heureux, d'une certaine manière que GODARD soit victime de cette illusion sur l'efficacité du cinéma par rapport à la vie, car s'il prenait conscience que cette efficacité n'est que mythique et non réelle comme il le croit (ou fait semblant de le croire), il est à craindre qu'il cesserait de faire des films et que la révolution deviendrait son Harrar; ce qui n'est souhaitable, à mon avis, ni pour le cinéma, ni pour la révolution.

Notre chance également c'est que ses films, dans leur existence concréte, excèdent constamment leur théorie ou ( si l'on préfère) que leur théorie ne parvient jamais à les épuiser. Là aussi GODARD cinéatse de contradiction, n'est que confusion et contradiction vivante.

Mais cette confusion justement qui alimente la richesse fabuleuse de l'oeuvre de GODARD qui en fait l'incarnation des contradictions les plus criantes ( et les plus vivantes) de son époque et qui fait de ses films un " formidable miroir idélologique de leur temps", à la fois dans leurs thèmes et dans leurs structure formelle, ainsi que dans la problèmatique qu'ils instaurent et sur la quelle ils s'instaurent" (extrait de "CINEMA ET IDEOLOGIE"  la N.C)

Voilà, j'espère que cet article, plus que jamais d'actualité, vous donnera envie d'aller voir "SOCIALISME" en ayant  compris son pourquoi il est ainsi et pas autrement.

*

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Commentaires
C
je n'ai jamais vu un film de Godard et pourtant, j'adhère souvent à ses propos sur la vie en général, dans ses interviews. Il faudrait que je franchisse le pas. Mais le teaser que j'ai vu pour son dernier film ne m'a pas enchanté.
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