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ESPACES interculturels CINEMA
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  • Plus seulement des spectateurs privilégiés mais des regards critiques sur tout ce que l'on nous donne à voir au Cinéma sur ses problématiques et son rôle. Ecouter -voir ce qu'est la vie.
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25 août 2010

NATHALIE GRANGER :ON N'Y PEUT VRAIMENT RIEN?

Les bons films ne se bousculent pas  en cette fin de vacances, on pourrait saluer le retour de Bertrand BLIER qui n'avait plus réalisé depuis 2005 (meilleur réalisateur avec "combien tu m'aimes") ; mais que voulez vous, je suis dans un milieu où tous les jours on voit les méfaits de cette saloperie de maladie pour croire qu'on peut discuter avec ( tant pis si ce film est soutenu  par l'association qui lutte contre la maladie)...

J'ai donc opté pour une reprise: le "NATHALIE GRANGER" de Marguerite DURAS avec Jeanne MOREAU et DEPARDIEU de 1972.

A l'époque c'était pas un film que j'ai vu, je ne me souviens pas non plus avoir lu alors un roman de  DURAS. Donc, aujourd'hui c'est en quelque sorte un rattrapage occasionnel ( plus qu'une relecture);

  Ce film est un moment de vie, comme dirait DURAS, (l'enfant violent de huit ans : ISABELLE jouée par LUCCA BOSE) qui cherche à demander pardon à sa mère pour toutes les violences dont elle a été l'objet  malgré elle.

Les lecteurs de Duras pourront toujours faire un comparatif avec le livre pour savoir si la Réalisatrice DURAS a bien su porter à l'écran son œuvre en respectant la pratique artistique de l'auteur ? Rappelons quand même que question Cinéma , elle a travaillée comme scénariste et dialoguiste pour " HIROSHIMA MON AMOUR" et réalisée plusieurs films après  GRANGER :" India SONG", "La femme du GANGE", " le Camion" ....

Tout dans les œuvres de DURAS tourne autour de la Violence et du silence à travers l'art de se souvenir (ex le générique  avec les images du films , comme pour faire comprendre que ce qu'on va voir a eu lieu).La directrice d'école s'étonne de la violence de la petite fille qui fait qu'elle ne la veut plus, le reporter de radio parle de la jeunesse des tueurs. Violence que la musique peut seule canaliser ( notes de pianos, partition de Bach). le jardin semble être le dernier refuge de paix entre la violence que l'on sent dans la maison ( La fille dit à la maitresse qu'elle a envie d'être dans la misère ou bien d'être orpheline) et celle que l'on redoute dans la forêt (la présence de tueurs que l'on ne voit jamais)

Pour DURAS tout doit être sublime jusqu'aux conflits qui restent internes, cachés. Elle rythme son film sur son savoir faire de l'écrit. Chaque séquence est un défi dont il faut saisir les nuances, se mettre au diapason de sa pensée reflétée à travers l'image qui reste d'un réalisme extrême et en lien avec la réalité (dans le film la radio diffuse l'annonce de la présence dans la forêt avoisinante de deux tueurs en série. A la fin on voit la fille endormie sur un canapé sans savoir si elle fait un rêve ou un cauchemar de vie qui plus tard lui fera demander pardon).

Ce film, 38 ans plus tard, reste moderne, vrai et intemporel (hors du temps, des modes, des styles), un film d'artiste écrivain.

Comme dans ses écrits, ce film évoque le milieu familial de la réalisatrice. Une famille où  le père a été remplacé par la voisine mais qui reste " en pierre sans accès aucun " (le seul visiteur DEPARDIEU repartira comme il est venu).

La Duras qui fait ce film n'a pas encore totalement gagnée la sérénité et le détachement qui va permettre le pardon qui mettra fin à cette sourde tristesse qui lui fait dire que c'est impossible de changer le cours des chose, qu'il n'y a rien d'autre à faire qu'à dire "merci" ( le refus préfectoral de régulariser la clandestine portugaise):

"On n'y peut Rien", "On ne peut que SUBIR".

Dans ce film trouble qui cache la violence derrière un calme et un silence inquiétant,ou les personnages sont  amenés, plusieurs fois, à changer d'idée ( la mère accepte puis refuse d'envoyer sa fille en pensionnat. Le visiteur qui démarche pour des machines à laver, vient, part, revient et repart, la voisine se bat pour faire régulariser une portugaise puis se soumet à la décision du préfet) :" je n'ai jamais rien fait qu'attendre devant une porte fermée"-M DuRAS-

Comme pour tout ce quelle a fait on l'entend dire " C'est moi l'histoire"

Son film est comme un travail de mémoire pour savoir ce qui s'est réellement passé entre elle et sa mère qui "avait un désespoir si pur". Ce film n'est qu'un " Évènement" de sa vie ( un instant vécu pleinement) mais ça n'a rien de l'histoire de sa vie; ca reste son roman.

Dans ce film elle met un composition musicale avec  un piano pour qu'il reste réajusté à son roman écrit. Ce film est bâti comme une suite d'images en noir et blanc retirées de l'oubli. Il montre un passage de vie en commun mais où on ressent que personne n'est fait pour vivre ensemble .Comme elle dit ailleurs " la vie est remise à plus tard". Elle cherche à se faire pardonner mais n'a aucun scrupule pour ce quelle a fait. Dans ce film, la fille a l'age de la violence, pas encore celui de la jouissance de l'ado ou de la sérénité de l'adulte.

C'est un film intimiste, c'est a dire qui exprime sur un plan confidentiel une partie de l'âme secrète de son auteur. Mais on y retrouve sans déplaisir le talent de  JEANNE MOREAU et du Jeune DEPARDIEU dans de vrais rôle de comédiens.

*

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Commentaires
F
Elles sont superbes ces notes à propos de Duras et du film ! tu as vraiment l'art aguerri de fouiller au delà des films (le cinéma) pour nous montrer la profondeur de ce qui est (la vie ? la réalité ? ) j'aime beaucoup cette façon bien à toi, que tu as de tirer des lignes (des parallèles...) ou, pour le dire autrement, d'enrichir au delà d'un thème précis et de nous le transmettre. Que pourrait-on rajouter ? Juste que tu nous donnes quand même terriblement envie de sortir de l'été pour fréquenter à nouveau les salles obscures. Merci à toi.
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