ONCLE BOONMEE: SENSATION DE POESIE

1 septembre 2010

Dans une société basée sur l'individualisme et la réussite par l'argent, trouver un poète est devenu quelque chose d'aussi rare qu'une perle de nacre dans les huitres que vous allez déguster pour cette ouverture du coquillage.

Ce film, couronné à Cannes, est la preuve qu'une conception de l'univers sur la base de la poésie est encore possible. Elle repose sur un mode de culture qui n'est plus guère accessible dans nos pays développés.

lA THAILANDE, quand on sort de la ville pour s'enfoncer dans la forêt, est un endroit où l'idée de la réincartion est vivante. Encore faut-il la pénétrer en laissant dehors nos idées préconcues, en sachant relativiser ses propres convictions speudo-scientifique d'homme moderne. Alors seulement on peut se fier à cette conception étrange de l'univers que nous fait découvrir APICHATPONG WEERASETHAKUL dans son film "Oncle BOONMEE", qui est basée sur l'existence d'un univers où l'ordre rationnel n'existe pas.

Ce film est une invitation à nous informer et non à nous façonner pour nous convaincre; former votre esprit à la poésie et aux phénomènes imprévisibles. Apprendre à ramener les incertitudes du monde sensible à la certitude que d'autres vies sont encore possibles, que l'on peut dans certains endroits et dans certaines circonstances se souvenir de ses vies antérieures pour garder un peu de spiritualité intérieure, un peu d'amour; voilà ce que vous propose ce réalisateur.

Après, savoir pourquoi ce réalisateur a décidé que le fils qui vient rendre visite à B00nmée est un Gorille avec des yeux rouges, pourquoi c'est un poisson chat aux pouvoirs surnaturels qui vient séduire la princesse en se glissant entre ses jambes pour lui donner du plaisir dans l'eau , c'est à vous à interpréter ses choix à votre convenance car comme la dit ce poëte d'ARAGON quand quelques choses est écrit ou filmé et qu'on le donne à lire ou à voir ça doit devenir ce qu'en font les lecteurs ou spectateurs :Il n'avait qu'à écrire ou filmer de telle façon qu'on ne puisse pas le comprendre autrement si l'auteur ne voulait pas dire cela.

Ce film est tout entier de la poésie pure d'origine THAILLANDAISE , dans un pays où la corruption est permanente. la GROTTE est un refuge, un lieu où on peut se ressourcer sur ses origines: homme , animal, végétal, peu importe, un lieu où on peut méditer, se préparer à sa réincarnation future ( même s'il doit se transformer en fantôme comme sa femme).

Ce film qui a pris trois années de tournage pour convaincre quelques producteurs pour le financer est aussi basé sur la poésie de l'image. Le réalisateur semble avoir fait le tournage sur une chaise à porteur ( comme sa princesse) ou sur un éléphant pour faire admirer la beauté des lieux, y compris la nuit. Ce n'est pas un film "lent" comme on l'entend souvent dire, c'est un film sans violence, qui avance au bon tempo pour ne rien louper.

Merci au Jury présidé par TIM BURTON d'avoir apporté leur contribution pour que ce film puisse être vue partout en ces temps où on filme des poissons PYRANNAS en 3 D pour voir jusqu'où le spectateur est serviable dans la nullité qu'on lui donne à déguster.

On mise sur 100 000 entrées; ça veut déjà dire que l'on a, peut être , encore quelques bonnes raisons de ne pas désespérer de l'homme et de sa réincarnation souhaitée en poète afin d'assurer un avenir meilleur.

PS : Pour les courageux poètes du Cinéma:

'...Mère, tu disais que nos rêves

étaient peints dans le ciel la nuit.

Que le rêve était la fenêtre

par où l'âme voit l'avenir.

Mère, j'ai fait un rêve étrange

pourrais-tu me le déchiffrer?

J'avais des ailes et j'ai pris

mon envol pour gagner l'infini

... Mère ils n'ont pas menti, les rêves.

Même couvert par son linceul

le nom du poète ton fils