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ESPACES interculturels CINEMA
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  • Plus seulement des spectateurs privilégiés mais des regards critiques sur tout ce que l'on nous donne à voir au Cinéma sur ses problématiques et son rôle. Ecouter -voir ce qu'est la vie.
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6 février 2008

A propos du DECOR et de CHARLOT (suite)

On ne crée pas à partir de rien. Chaplin comme d'autres s'est inspiré pour ses premiers décors d'un artiste référent qui s'appelait CHIRICO. Comme ce peintre Italien du monde moderne naissant, Chaplin-créateur avait la HANTISE METAPHYSIQUE  de "l'espace". Chirico ést né un an avant Chaplin; pour tous les deux, tout est un problème d'Espace et de DECOR. Le paysage se doit d'être de " composition" pas de "substitution". Tout est faux et imaginaire. Seule différence, mais elle est de taille, alors que Chirico cache la société et fait du monde un théâtre, Chaplin, lui, fait le contraire: il montre la société ( du moins comme il la voit), et fait du cinéma un monde; son monde.

"Le Décor de Chirico" nous dit Aragon (1953) "est peint avec l'imagination du peintre en bâtiment". Chaplin prend un malin plaisir à composer dans des grandes construction à l'emporte pièce, qui ont valeur de légende, seulement pour nous faire oublier que c'est par exemple un studio de cinéma. Pour lui, il s'agit avant tout d'un problème de lieu, non d'espace. Chez Chirico, Aragon trouve qu'il y a trop peu de chose qui porte le décor; tout est lyrique. Chaplin montre le bric à brac de chaque " section", le tout constituant le paysage émotionnel de la société dans laquelle il nous est donné de vivre. Le monde de Chaplin n'a rien de lyrique, il est appelé à disparaître et disparait sans regrèt à la fin du film. (l'explosion). Hormi une courte séquence, tout son film se déroule en studio, même le vitrail est éteint et ne renvoit pas la lumière du jour.

Les éléments fixes des décors sont là, uniquement, pour caractériser les différents lieux scéniques: l'entrepot, l'atelier, la cantine, la machinerie, le salon du western, la patisserie, la cathédrale du couronnement. Ils sont là pour permettre au spectateur de se repérer et de visualiser l'évolution (les déplacements) de Charlot (David). La société du XX° siécle triomphant est pour lui un monde cloisonné, fermé, mais pas inaccessible (tout communique) ; même quand on tombe au fond du trou -noir- on peut s'en sortir. Enfin presque, pas tous. En tout cas des personnages comme David ( charlot) n'ont pas peur que le ciel leur tombe sur la tête; eux sont sur de s'en sortir. Avec difficulté, mais ils s'en sortent. Reste à voir comment et pourquoi, sans oublier Qui ?

Une chose est certaine, cela ne va pas de soi et entraine beaucoup de souffrances morales, physiques et quelques petits moments de bonheur (quelques morts aussi).

CHAPLIN fait référence à cHIRICO et aux peintres du modernisme de cette époque. Pour moi, par exemple, la femme machiniste, en train de jouer de la guitare, est un clin d'oeil à Juan Gris et au dessin offert à Aragon ( reproduit dans "écrit sur l'art moderne"). Qui me démentira si je dis que le bustier des couturiers que l'on apperçoit dans ce film sur le cinéma, est une autre " muse inquiétante" (TABLEAU DE cHIRICO - 1916)?

Charlot, me parait, dans ce sens, supérieur à Chirico du point de vue artistique mais aussi plus moderne parce que plus efficace à long terme. Aujourd'hui le " Dadaisme" est non seulement complètement mort ( dépassé) mais c'est devenu un art " contemplatif", digne des musées. Charlot, comme Picasso, Malraux et quelques autres, resteront irrécupérables et ce qu'ils ont produit indémodable parce que ça continue à faire bouger, " réflèchir".

A ceux qui pensent à mon premier écrit sur " l'argent et les femmes", il faut d'abord qu'ils reprènnent ce qu'Aragon répondait à ce Monsieur qu'était devenu CHIRICO veillissant:

"Si ce Monsieur, car c'est un Monsieur, vient nous dire aujourd'hui que ce n'est pas celà qu'il s'agissait, que voulez-vous mon Cher, que cela nous foute? Impersonnalité du génié".

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