ARTICLE 43 :UN FILM POUR ECLAIRER LES PROCUPATIONS DE LA SOCIETE D'AUJOURD'HUI
Il n'était pas évident de pénétrer dans les zones interdites que sont les Prisons; de filmer avec des détenus dits " trés dangereux", et de ressortir, en fin de compte, avec un FILM 16/9 en couleur de 90 minutes ( 44 soirées de tournage dans l'atelier du pénitencier de Bochez) qui plus est agrémenté de films d'art et d'essai ou Docu réalisés par les détenus dangereux eux mêmes, sans que rien ne soit censuré......
La courageuse réalisatrice est la Suisse DENISE GILLIAND. Cette femme de 44 ans qui a été manequin dans sa jeunesse pour des spots publicitaires, a obtenu de l'école de Florence ( 1985) son diplôme de REALISATRICE. De retour en Suisse, trois ans plus tard, elle se lance dans la carrière du cinéma pendant la campagne de prévention contre le SIDA:
" je voulais donner la parole à ceux qui ne l'on pas et qui souffre de l'exclusion"..." rendre l'humanité, la dignité à ceux que la société rejète".
Son premier grand film sera en 1994 " Mon père, cet ange maudit" puis "femmes du No futur" et "les bas fonds" nominé pour le prix du cinéma suisse. Elle fonde une première association pour soutenir des projets culturels (REBOND'ART) qui sont des réalisations cinématographiques avec les personnes démunies, avant d'ouvrir un atelier de cinéma en prison ( Oeil Ouvert) dans lequel prendra forme son "ARTICLE 43". C'est Anne Laure SAHY qui anime l'association Prélude qui la convaint de s'intéresser aux détenus de prisons:
"nous partagons avec Anne Laure la conviction que l'action créatrice permets aux personnes les plus cabossées par la vie de se reconstruire....La mémoire ne crée-t-elle pas l'identité?...On peut aider à la reconstruction identitaire des détenus à partir de la création cinématographique...en partageant avec ces détenus la passion du cinéma"
"Ici on pense que la liberté c'est dehors. On ignore souvent
qu'une fois sorti, la liberté ne reposera pas simplement sur
l'abscence de murs"
Olivier (détenu)
"ARTICLE 43" en apporte une preuve éclatante car en plus de ce film sort en DVD les 4 films d'art et d'essai (5 à 10mn) et deux documentaires réalisés par ce groupe de détenus (9 détenus) en atelier :("Gros CAUCHEMARD"- "BERNARD" - "LA LIBERTE C'EST" - et "LA ViE D'UNE PATATE" - "A L'EPOQUE") . Certains de ces détenus ignorent quand ils seront libérés, mais cette expérience aura au moins permis pour certains de retrouver la confiance en soi, de travailler en atelier à plusieurs même si parfois ils ont été obligés de se remettre en question après avoir reçus des critiques sur le travail qu'ils étaient en train de réaliser pour parler de leur quotidien ou de leur passé qui les a conduit là où ils sont.
Comme l'a dit Anne Laure SAHY :
" c'était une façon de permettre au détenus et au public de se fixer droit dans les yeux, sans détourner le regard".
GILLIAND et SAHY sont deux femmes qui ont montrer que l'orsque l'on se propose d'investir les lieux qui sont désertés par la culture et que l'on y apporte une action culturelle réflèchie et ambitieuse, on peut obtenir de bons résultats comme en témoigne ARTICLE 43 ( je différencie cette initiative de la publication odieuse dans la presse d'un interwiew caché de l'ASSASSIN de YITZHAK RABIN ,mais je comprend aussi que les parents des victimes puissent s'offusquer de voir des détenus criminels être filmés) :
"Lorsque j'ai conçu et commencé à animer cet atelier cinéma en prison, je voulais partager avec des détenus ( elle ignorait qu'il y avait des détenus dangereux parmi eux) ma passion du cinéma. Je ne pensais pas , moi même, faire un film mais seulement les encourager à aller, eux, au bout de leur créativité en amployant l'outil cinéma" (DG)
"Au delà des préjugés, la diffusion des travaux réalisés en prison et les réflexions quelles suscitent doivent lancer un débat trés large sur les mécanisme de la marginalisation par exemple, ses causes, ses effets et la responsabilité de chacun dans un tel Processus " ....Artistiquement...qui peut prétendre commettre une oeuvre artistique? selon quels critères? dans quel but et pour quel impact?; Comment interpréter le fossé entre la catégorie trés sélect des créateurs et celle du Public ?" (ALS)
" Quoi de pire que le CANCER; la lèpre.
C'est pire parcequ'on vous enferme, vivant,
derrière des barbelés" (A SOLJENISTSYNE)
Faire un film documentaire sur les prisons ou les Usines est sans doute ce qui demande le plus de conviction et de patience car il faut non seulement trouver des producteurs qui acceptent de perdre de l'argent mais aussi attendre des mois en travaillant dans un milieu hostile et méfiant, sans savoir si, au final, on obtiendra l'autorisation de le diffuser au cinéma , à la télé... C'est ce que l'on appelle une épreuve de Vérité. Comme le disait Marcel TRILLAT :" pour arriver à tourner dans ces conditions plus que particulières, il faut s'organiser. Cela tient parfois du mêtier de détective ou de celui d'agent secret. Ce n'est guère possible sans avoir cultivé à l'avance d'étroites complicités dans la place, tout en prenant d'infinies précautions pour ne pas mettre en danger les complices". Mais au final le film devient un outil de mémoire, à condition de le faire circuler.
PS: Merci à MACADAM'S BLOG de m'avoir fait découvrir ce nouveau film
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