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ESPACES interculturels CINEMA
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  • Plus seulement des spectateurs privilégiés mais des regards critiques sur tout ce que l'on nous donne à voir au Cinéma sur ses problématiques et son rôle. Ecouter -voir ce qu'est la vie.
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10 novembre 2009

L'ORIGINE & LES VIES PRIVEES DE PIPPA LEE

Ne cherchez pas dans les réalisations de ces deux films, ni au niveau de la mise en scène, ni des scénarii, quelque chose d'extra-ordinaire, même si faut saluer leurs réalisateurs  Xavier GIANNOLI pour " l'origine" et  Rebecca MILLER pour " les vies privées de Pippa Lee" pour leur courage de ne pas avoir cherché autre chose que ce qui est une fresque sociale sur deux vies intimes différentes, deux portraits , un homme et une femme, qui se complètes pour nous renvoyer à la réalité humaine d'êtres désespérés qui ne se laissent pas aller jusqu'au désespoir de vie foutues.... pour rien.

Le premier résulte d'un fait divers réel ( un escroc, toujours en prison, qui construit un morceau d'autoroute) et le second de la propre histoire de la fille d'Arthur MILLER( l'écrivain) ; le film est tiré de son livre-roman ? qui vient d'être publié.

Si je devais résumer en une phrase ces histoires, je reprendrai une phrase de Rebecca Miller dans son livre:

"Tu vois, nous sommes deux moutons noirs, toi et moi....Je sentais que j'avais une place quelque part"

Lui, PAUL, à peine sorti de prison, cherche déjà une nouvelle escroquerie à faire; encore plus marquante que les précédentes. C'est l'abandon de la construction d'une autoroute qui va lui offrir l'occasion qu'il cherche, sauf  qu'il ignore  la réaction des habitants d'un endroit où le chomage a sévit depuis que, précisément, ce chantier a été stoppé..Ce petit escroc va se révéler un chef de chantier compétent et convainquant, au point de faire non seulement rêver en procurant des emplois pour redémarrer le chantier avec l'aide des politiques trop heureux de redorer leur blason avec cette autoroute dont ils ne savent même pas où elle peut conduire d'un côté comme de l'autre. Ce triste individu va découvrir l'amour mais aussi et surtout qu'il veut se sortir de là avec celle et ceux qui ont décidés de lui faire confiance ( sa nouvelle famille). Voilà pourquoi quand son escroquerie, qui n'en était plus une puisque le travail réalisé est en parfaite conformité et qu'il n'a pas détourné un centime, est découverte, il ne cherche pas à fuir la justice ni la réaction de tous celles et ceux à qui il avait rendu l'espoir;

Le réalisateur Xavier GIANNOLI a été forcé, lorsqu'au bout de 10 ans il a lui même trouvé " l'élan romanesque" pour faire ce film, de jouer non pas avec la vérité mais avec les personnages dont le héros, qu'il a rencontré en prison, l'avait frappé par son regard, plein d'humanité, dit-il, "mais aussi trés mobile, qui exprimait " comment sortir de là?". Il transforme, peu à peu, avec l'aide de l'excellent François CLUZET, BERRE ( c'est le vrai nom de cet homme) en quelqu'un qui a enfin l'impression de redevenir quelqu'un de vrai dans la vie de tous les jours et d'utile pour les autres.C'est sa façon à lui de se redempter de sa conduite passée jusqu'à ce que la justice le rattrape et lui fasse payer l'addition. Comme le souligne Giannoli " aucun ouvrier n'a porté plainte contre lui ", il y a même eu un qui est devenu chef de chantier , un peu grâce à lui : "C'est le premier qui a cru en moi" et les autres nombreuses victimes qui se sont reconnues dans ce film n'en ont pas plus voulu à Giannoli d'avoir osé le faire. Et c'est vrai que ce chantier , même si aujourd'hui les 2 kilométres d'autoroute ont été entièrement détruit, restera, lui, plus respectable que tous les "casses du siècles "dont on fait des voleurs des "héros". de film, même si comme le réalisateur on trouve "profondément dégueulasse d'abuser de la confiance de gens qui croient en vous" -X.G-

Voilà pour être complet l'avis de quelqu'un qui sait de quoi il parle :

" je l'ai trouvé magnifique (XAVIER G). Généreux  sans apitoiement, dur sans cynisme, ample sans jamais perdre l'intime de vue, admirablement bien filmé et distribué ( tous les pesronnages secondaires comptent, comme chez Renoir et SAUTET).....Escroquerie et rédemptions, Giannoli orchestre ces deux thèmes avec maestria. Il filme large, avec des mouvements rapides, violent ....on reste noué, oppréssé...Le film nous dit que l'espoir est violent, vital, que le mensonge peut se changer en vérité...sauf que Dieu est aux abonnés absents...Accéssoirement, " à l'origine", cette chronique d'une France bléssée, est une magnifique fable sur le cinéma, sur la création" -BERTRAND TAVERNIER- ("le journalm du Dimanche)

PIPPA LEE serait plutôt une victime qui trimballe avec elle le poids de sa vie antérieure , même après s'être débarassée de sa mère. Son mariage et son enfant quelle a élevée ne l'ont pas sorti de sa soumission silencieuse; Malgré l'age qui arrive, elle a gardée une beauté de femme au foyer ravissante  et reservée même quand elle consent un sourire. Cette quinquagénaire finit pas prendre conscience qu'elle est en train, elle aussi, de totalement rater sa vie auprès d'un mari plus agé et malade et une fille qui ne lui parle quasiment plus. Le retour à la maison du fils de la voisine lui donne l'occasion  de réaliser une "escapade" amoureuse, histoire de se prouver qu'elle peut encore plaire et aimer .Elle continue de croire, en faisant cela, que tout est une question de volonté. Et qu'avec cette ferme volonté on peut, à n'importe quel moment déchiqueter un présent insipide et sans saveur;

Cette entorse au contrat va lui procurer une nouvelle façon de vivre de manière plus intense ou la faire sombrer dans une déprime totale. Cela la trouble car elle n'est pas sure le cas écheant de pouvoir faire machine arrière. D'un autre côté dévoiler sa volontée d'exister différement c'est aussi, quelque part,  obliger son entourage à comprendre qui elle est et pourquoi il faut l'accepter, elle même renonçant aux nombreux souvenirs restés secrêts qui lui ont pourri la vie. C'est le prix à payer pour une émancipation réussie, sans regret pour rien ni personne.

ROBIN WEIGHT PENN (PIPPA LEE) croit que "de toute façon les choses, bonnes ou mauvaises arrivent pour une raison"...On ne peut pas nier éternellement ce que nous sommes" et elle a raison.

C'est Marguerite DURAS à propos de son livre " l'amant" qui disait:

"On croit que la vie se déroule comme une route entre deux bornes, début et fin. Comme un livre qu'on ferait. Que la vie, c'est la chronologie. C'est faux. Tandis que l'on est à vivre un évènement, on l'ignore. Cest par la mémoire ensuite qu'on " croit" savoir ce qu'il y a eu....L'histoire de vos vies, de ma vie, elles n'existent pas, ou bien alors il s'agit de lexicologie. Le roman de ma vie, de nos vies, oui, mais pas l'histoire... On n'est pas destiné  à vivre ensamble. la famille c'est un passage en commun pour la nourriture commune, l'élevage. La vie est remise à "plus tard", tu "verras plus tard" c'est ce que disent les parents. C'est après qu'on vivra, quand on sera séparé; Vivre c'est oublier la loi".

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Commentaires
C
c'est avec Cluzet que j'aime beaucoup. Une histoire étrange quand même.
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