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ESPACES interculturels CINEMA
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  • Plus seulement des spectateurs privilégiés mais des regards critiques sur tout ce que l'on nous donne à voir au Cinéma sur ses problématiques et son rôle. Ecouter -voir ce qu'est la vie.
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3 décembre 2009

LETTRE A LA PRISON : TOUJOURS D'UNE ACTUALITE EVIDENTE

Le Réalisateur de "Lettre à la Prison" -MARC SCIALOM- avait obtenu un "lion d'or" en 1972 pour son film "exils" inspiré de la "Divine comédie" de DANTE ( réalisé en 1966). Soyons clair, on ne donne pas ce genre de récompense pour n'importe quoi, surtout si c'est là son premier film long métrage et si en plus on est un tunisien, juif -Italien ( né en 1934 à tunis) et membre du PCF. Par la suite, Dépité par l'accueil que l'on avait fait à ce court métrage " la lettre..." qui à suivi ( 1H 10' quand même) par les amis et la critique alors qu'il n'avait rien demandé à personne et tout financé par lui même (mise en scène en 1970 en faisant sauter plusieurs séquences): les uns et les autres trouvant ce film trop surréaliste, pas assez politique pour l'époque (1969), voir "onirique" (de la nature du rêve)....Marc SCIALOM s'était reconverti comme maitre de conférence en Italien : " J'avai plus rien à bouffé, il fallait que je travaille. Le cinéma s'était refusé à moi, je ne voulais plus insister".A la retraite depuis 2005, il part s'installer en Avignon. En défaisant les cartons, c'est Chloé sa fille, qui va redécouvrir les bobines de "lettre à la prison". Et c'est elle qui, en début d'année, a sortie ce "brouillon" de film et qui a aidée son père à le finir et à le donner à voir: " Quand nous avons découvert ces images sur le ban de montage, nous avons tout de suite été intéressés par ce travail. D'abord parce qu'il existe trés peu de film réalisés par des émigrés sur MARSEILLE. Ensuite parce que le sujet est traité avec une incroyable modernité car il évite de plomber son propos d'un discours politique formaté et il joue constamment sur la limite entre le documentaire etr la fiction" (Jean François NEPLAZ fondateur du cinéma alternatif "Polygone ETOILE" Marseille).

Si Vous avez la chance de trouver une salle de cinéma qui le diffuse  et que vous êtes un Cinéphile curieux, ne  boudez pas votre plaisir ( seulement 3 salles à ce jour en France)......

Quarante ans sont passé mais "LETTRE A LA PRISON" reste d'une actualité évidente au moment où le Ministre de l'Immigration  et de l'identité nationale s' interroge sur ce qu'est "être français".

Ce film n'est pas un film politique mais un film engagé qui interroge sur l'immigration tunisienne en france, au lendemain de 1968, dans une société  qui reste malgré tout peu accueuillante avec ceux qui ne sont pas européens et quelque part violente ( campagne de haine raciste...).C'est aussi un film proche du documentaire et quelque peu autobiographique (son héros découvre une nouvelle vie, un nouveau pays, une autre culture) car lui qui menait une vie sans problème en Tunisie se sent ici redevenir une victime coupable. Son film est une fiction qui se situe à MARSEILLE : Un Tunisien qui débarque avec l'intention de rendre visite à son frère emprisonné à Paris pour un meutre dont il ne sait pas s'il est le coupable. Mais ce frère lui fait savoir par lettre comment il entend qu'il vienne le visiter en Prison: "Ne vient pas me voir, tant que tu es innocent !". Il emploie des critiques dures mais en retour on sent que le grand frère s'identifie de plus en plus à son frère en prison  et sombre peu à peu vers une sorte de Folie qui lui fait perdre son innocence.

Côté artistique, SCIALOM est un cinéaste autodicdacte qui s'est forgé à la réalisation sous l'influence de EISENSTEIN et le "Cuirassé Potemkine" " parce que c'était des plans courts, heurtés, l'intensité la plus grande étant l'endroit de la culture". Il cite aussi " A bout de souffle" " je suis allé le revoir trois fois à sa sortie. Parce que ça me paraissait fondemnental du point de vue du découpage et du montage".BUNUEL et PASOLINI complète la liste de ses inspirateurs/modèles. Disons que l'élève a tout fait pour ne pas décevoir ses maîtres : "Le tournage a été ce qu'il a pu. Mais le montage à été réflèchi longtemps, lentement. J'ai mis une année à le monter. Comme je n'avais pas le pognon et que ma femme de l'époque était monteuse, elle me filait les clès de ses salles de montage. Et j'y allais la nuit, en douce, sans que personne ne le sache, pour monter à l'oeil sur des "atlas"..... Le cinéma est une industrie et je ne sais pas travailler dans ce cadre; je suis nul dans l'aspect "public-relation"; demander de l'argent c'est pas mon truc....ce film ne s'inscrivait pas dans un cinéma militant qui éxistait fortement depuis 68. D'autre pas ce n'était pas un film "pittoresque" qui pouvait interresser l'autre bord. Il s'inscrivait nulle part.... Pour moi le cinéma n'est pas ce qui se passe à l'intérieur d'un plan, mais  c'est ce qui se passe au moment ou deux plans s'entrechoquent et se succèdent. C'est vrai que je suis beaucoup plus à l'aise dans le documentaire que dans  la fiction. Dans la fiction, je n'aime pas que les choses m'échappent alors que dans le documentaire si ça échappe c'est très bien..." (extrait du Journal " La Marseillaise du 2 / 12 /09).

Scialom a fait son film en noir et blanc en incluant des séquences en couleurs (le surréalisme de BUNUEL et le réalisme de PASOLINI). Pour sa sortie il a été restauré en 35mm ( il reste quelques rainures mais l'essentiel est préservé). La voix est off.

Un grand merci au journaliste Claude Martino pour son   article dans ' la marseillaise" qui m'a fait découvrir un artiste et son film.

*

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Commentaires
M
et merci à toi de me faire découvrir tous ces films rares, ces hommes, ces influences, même en sachant que je n'en verrai pas beaucoup, c'est bon de savoir que tout ce monde artistique discret peut encore exister
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